Les vertus thérapeutiques de l'art sont connues depuis l'antiquité, notamment la catharsis aristotélicienne, comme moyen de convertir les passions à travers l'esthétique. Pourtant ce n'est que très récemment qu'on a commencé à employer la médiation artistique pour venir en aide à des personnes en difficulté. Les premiers psychologues ont été formé en art-thérapie aux Etats-Unis dans les années 1950. En France l'art-thérapie a été reconnue par le comité scientifique au cours du congrès internationale en 1986. Mais c'est surtout depuis le développement du concept de résilience que de nombreux thérapeutes se sont penchés sur la question des effets de l'art dans une visée thérapeutique.
En effet, lorsque Emmy Werner, après avoir suivi en Hawaï pendant 20 ans un groupe d'enfants abandonnés et en grande difficulté, découvre qu'un certain nombre de ces enfants avaient surmonté tous les traumatismes et menaient une vie normale, on commence à chercher à dégager les traits de caractère qui ont pu permettre ce fait. Un certain nombre de facteurs ont été décelés, notamment en France grâce aux travaux de Boris Cyrulnik, qui par ailleurs soutient la pratique artistique, favorable aux développement des facteurs de résilience.
Actuellement on peut distinguer trois types d'art-thérapies. Un premier, très répandu, des pratiques pseudo-mystiques, ésotériques, faussement hindouistes, dirigées le plus souvent sans aucune préparation professionnelle. Ces pratiques, si elles ne sont pas nocives, peuvent éventuellement faire passer le temps.
Un seconde, dirigé par des art-thérapeutes formés. Il s'agit d'un suivi médical qui utilise le potentiel artistique de la personne en difficulté à des fins thérapeutiques. Mais au niveau de la pratique de l'art ils épousent le schéma de l'art comme jeu et l'expression spontanée en respectant la singularité de chacun. Se laisser aller, laisser la main s'exprimer sans mobiliser le cerveau. Et tout ceci sans but esthétique. Ces art-thérapeutes estiment que l'action elle même se suffit, que le fait de réaliser quoi que ce soit fait progresser. Mais une telle approche de l'art ne peut rien structurer, elle reste très aléatoire et incapable de renforcer les facteurs pouvant favoriser la résilience. Un acte spontané, un jeu, une expression aléatoire peuvent apaiser la souffrance momentanément, sans plus. Réveiller une créativité qui est parfois figée, s'adapter à la personnalité de chacun, compter sur le pouvoir expressif de l'art est utile mais insuffisant.
Un troisième type d'art-thérapie est celui qui s'appui sur des principes d'art contemporain et qui proposent aux patients en difficulté un "voyage" à travers des œuvres des artistes d'art contemporain qui parfois laissent songeurs. Expériences olfactives, tactiles, improvisations...
Quel art-thérapie alors, pour la résilience ? La réponse il faut la chercher dans l'art lui même. L'art n'est ni un jeu, ni lâcher prise, ni improvisation, ni simple action, ni intention sans but esthétique, ni un moment éphémère, ni expérimentation. L'art est une structure logique, reposant sur des fondements esthétiques immuables, une structure très complexe qui par son caractère élaboré structure à la fois en agissant par l'empathie. Dans l'art-thérapie le patient doit passer par l'apprentissage, par l'exercice, par l'étude approfondie des œuvres, tout en inscrivant sa propre personnalité parallèlement à cet apprentissage. Ceci demande un suivi par des thérapeutes formés en art, capables de transmettre toute la richesse que peut contenir une œuvre d'art d'un haut niveau esthétique. C'est n'est qu'ainsi que le thérapeute ou tout enseignant d'art peut aider à la formation d'une personnalité perspicace, indépendante, apte aux relations, créative, et en permettant ainsi de renforcer l'estime de soi favoriser la résilience. Mais d'abord il faut sortir l'art de la confusion, manipulation et ignorance dans lesquelles il se trouve depuis un siècle. 1917 (Duchamp- Fontaine) 2017.