QU’EST-CE QUE L’ART ?
La question « qu’est-ce que l’art ? » est très délicate. On peut dégager trois positions.
Premièrement : aucune définition de l’art n’est possible. L’art est quelque chose de mystérieux,
d’inexplicable, d’indicible. Deuxièmement : L’art est subjectif. Chacun a sa propre définition de
l’art, chacun voit à sa façon et apprécie ou pas à sa façon. En troisième : L’art n’existe pas. Ou il
est déjà mort, sa mort étant annoncée depuis longtemps, ou il n’a jamais existé. Ce que nous
avons appelé l’art n’est qu’une des formes de communication entre les hommes, il n’y a pas de
valorisations à faire et la tête d’Aphrodite et une corbeille de quelque part sont la même chose :
un objet de communication.
Nous allons voir comment nous sommes arrivés à cette situation et nous essayerons de
démontrer que les trois positions sont fausses. Nous verrons que tout tourne autour de la
question du beau. Mais avant nous allons voir la définition classique de l’art qui bizarrement
figure encore dans les dictionnaires : « une œuvre d’art est le produit ou l’effet de l’activité ou du projet d’un humain qu’on appelle un artiste. Elle a pour caractéristique de s’adresser à un public sur lequel elle a certains effets, comme des émotions, des engouements, un plaisir et la
production de discours, l’ensemble étant le plus souvent lié à la beauté des œuvres ». Cette
définition date du XVIIIe siècle lorsque le philosophe allemand Baumgarten sépare de la
philosophie une branche autonome, l’Esthétique qui à pour fonction d’étudier l’art. Pour
Baumgarten la philosophie et la science ont pour mission de nous rendre l’expérience
explicable et claire tandis que l’art qui est aussi une connaissance, mais une connaissance
résolument autre, est une forme de pensée qui affirme le sensible et doit être abordé d’une
manière différente, par l’esthétique. Le concept du beau est le cœur de l’esthétique. Jusqu’à la
séparation de l’esthétique de la philosophie on a fait peu de différence entre l’artiste et l’artisan. Même en Grèce Antique ou des œuvres d’art d’une qualité exceptionnelle ont été créées il n’y avait pas de différence entre l’élaboration d’une œuvre artistique et une autre construction qui entrent toutes sous la dénomination de tekne. Platon introduit même une suspicion envers l’art dans sa séparation entre le sensible et l’intelligible, c’est-à-dire entre les perceptions par la sensibilité et celles par l’intellect. L’art étant construit manuellement, il le place seulement dans le sensible.
Cette suspicion de Platon va être à la base de toutes les controverses autour de l’art jusqu’à
aujourd’hui. Pourtant le beau dans l’art garde une place prédominante car la Grèce ne fait pas
de différence entre le beau et le bien. Et le bien est indispensable pour la vie harmonieuse dans
la cité et pour l’équilibre des hommes qui assure le bonheur, but principal pour l’humanité. On
prête alors attention au beau, on cherche ses fondements et on les trouve dans la géométrie. La
géométrie va être très développée et les bonnes proportions sont appliquées partout pour
assurer la beauté.
Avec l’avènement du Christianisme et pendant tout le Moyen Âge il n’y a toujours pas de
distinction entre les artisans et les artistes. Les deux sont regroupés dans des corporations et
travaillent sur commande. C’est l’Église qui est le plus grand commanditaire et les œuvres sont
des illustrations des textes pour la population majoritairement illettrée. Le beau continue de
garder une place primordiale car ces œuvres élaborent un microcosme qui représente un
macrocosme qui, étant la création divine, ne pouvait qu’être beau.
C’est à la Renaissance que l’art prendra son indépendance par rapport à l’artisanat et en
s’affranchissant de l’église, les artistes pourront s’affirmer en remettant en cause les codes et
les canons de l’esthétique médiévale. C’est la redécouverte de l’antiquité qui va favoriser une
éclosion artistique qui a suivi le renouvellement de la réflexion philosophique qui se caractérise par l’affirmation d’une libération de l’homme vis-à-vis de Dieu. La création artistique n’est plus au seul service de la religion et au strict respect de ses canons. Les artistes s’orientent vers la représentation humaniste et affirment que l’homme appartient à la nature, et se trouve au centre de l’univers. Les artistes représentent ainsi la beauté des corps humains. Le beau cette fois s’élabore à partir de la beauté de la nature et de l’homme. La Renaissance artistique utilise les thèmes humanistes comme tolérance, liberté de pensée, paix, éducation visant
l’épanouissement de l’individu combinées à la mythologie antique. La Renaissance sera le théâtre de la création des œuvres d’art d’une très grande qualité. Dans la peinture, la frontière entre l’œuvre et son environnement est abolie. Les images sont construites en fonction des lois géométriques de la perspective. L’art s’appuie sur les progrès en médecine et en anatomie, les découvertes astronomiques, l’application de la mathématique en physique. Le savoir est appliqué en architecture, en dessin, en peinture et en sculpture. Ainsi il devient possible de définir un système de proportions idéales et de représenter fidèlement un corps humain. Le beau est un élément important et on s’oriente vers la recherche du plaisir dans la contemplation de l’œuvre, ce qui n’a pas été le cas au Moyen Âge ou il s’agissait seulement de glorifier la création divine. Mais c’est justement au moment où l’art avait pris son envol que les premières attaques ont commencé. La toute première va provenir de la Réforme.
Déjà dès le Moyen Âge, un courant s’est manifesté dans la chrétienté pour retrouver la “pureté”
de l’Église primitive en s’élevant contre le luxe des prélats, la pompe de la liturgie et
l’autoritarisme des papes considérés comme des déviations. L’art qui en appelle aux sens et au
plaisir dans la contemplation était aussi à écarter. Le catholicisme ne refusait pas le beau. Saint
Thomas d’Aquin déclare : « Les choses qui sont dotées de proportions correctes réjouissent les
sens ». Les plus hostiles ont été les puritains surtout en Angleterre. Ils revendiquent un esprit
austère où il y a peu de place pour l’art. Mais l’art est proche de la nature et l’austérité n’est pas
le caractère dominant de celle-ci, c’est tout le contraire. Le puritanisme, sous ses diverses formes, a durablement marqué la société anglaise. Il a été transporté dans le Nouveau Monde et son influence à profondément influencé la mentalité des États-Unis jusqu’à nos jours. Nous pouvons assez facilement y rattacher certaines approches dans les analyses contemporaines, surtout celles qui refusent toute relation entre l’art et le beau.
Le deuxième facteur qui va provoquer le changement dans la réception de l’art va provenir de l’apparition de l’individu. C’est la Renaissance qui favorise le développement de l’humanisme
qui va favoriser l’éclosion de l’individu qui se détache du groupe et affirme de plus en plus son
autonomie. L’individu apparaît dans la Grèce Antique mais il est encore sujet à l’appréciation de
l’autre. Il dépend de l’opinion que l’autre aurait de lui. L’homme de la Renaissance s’affirme sur
une conception philosophique, politique, sociale et morale qui défend ses droits, ses intérêts et
ses valeurs face au groupe. Il s’ensuit la notion de liberté individuelle, c’est-à-dire où il prime la
condition de l’individu avant la condition de la société elle-même. Ainsi, chaque individu se doit
de mener une réflexion individuelle sans que ses opinions lui soient dictées. Il va affirmer ses
goûts, ses préférences en fonction de sa propre subjectivité. Cette attitude va se répercuter sur
l’art.
Le problème c’est que dans l’exécution et la réception de l’art une part de l’objectivité est
nécessaire et le spectateur doit faire abstraction de ses propres jugements de valeur. Si l’œuvre
d’art ne repose que sur le goût de l’artiste ou du spectateur, si aucune valorisation objective
n’est à l’œuvre, tout peut être art. Justement l’introduction du tout subjectif à effectivement mené à la possibilité de proposition de n’importe quel objet comme art. Mais ce qui va surtout
provoquer le bouleversement dans la philosophie de l’art, c’est-à-dire dans l’étude de ce que est
l’art, c’est le retrait du divin, ce que Max Weber a appelé le désenchantement du monde. Sur ce
terrain Hegel, dans sa position historiciste va définir l’art comme assujetti à la vision religieuse
et annoncera la mort de l’art avec le retrait du divin. Schelling à la même époque proposera une
vision de l’art tourné vers la nature dans laquelle il trouve le bien et le beau, mais c’est Hegel
qui emportera l’adhésion de l’époque. On est au début du XIXe siècle.
C’est le XXe siècle qui va bouleverser complètement la conception et l’exécution des œuvres
d’art. Le XXe siècle est un siècle de grands bouleversements politiques qui vont entraîner l’art
dans leurs sillons. On assiste à la naissance de divers mouvements artistiques qui vont souvent
s’associer avec des mouvements politiques, comme les futuristes italiens avec le fascisme ou
les surréalistes avec le communisme. Les mouvements révolutionnaires entraînent l’art vers la
revendication et les ruptures avec des anciennes formes de l’art, l’affranchissement de toute
exigence de qualité ou de valeur et le rejet du beau comme fondement de l’art. Comme le
politique, l’art exige la liberté, la liberté de l’artiste. Pour compliquer encore les choses, les
diverses branches du savoir, qui ont pris leur autonomie les unes par rapport aux autres, vont
se pencher sur l’art en affirmant la justesse de leur point de vue. Le beau, la vérité, le monde, le
sensible vont être remplacés par les analyses sociologiques, politiques, anthropologiques,
psychologiques avec comme résultat une complète cacophonie. Entre-temps, l’esthétique
devient désuète. En fait ce qui favorise cet état de choses c’est l’art lui-même. L’art est d’une
telle complexité que toutes les analyses qu’on fait sur lui sont exactes, mais à chaque fois
seulement partiellement. C’est pourquoi on a pu annoncer sa mort prochaine et sa conversion
en un objet quelconque rendu à l’état d’œuvre par la volonté seule de l’artiste, le réduire à un
objet de communication entre les hommes, ou un objet de consommation dans le tourisme de
masse. Tout ceci garanti par l’institutionnalisation et la marchandisation.
Après ce rapide survol des conceptions sur l’art à travers l’histoire pour pouvoir arriver à une
définition, nous allons décrire d’abord de quelle façon l’art fonctionne. L’art se caractérise par la
double propriété d’immanence et de transcendance. C’est-à-dire, d’une part il parle de la
communauté et des hommes, d’autre part il les transcende en faisant émerger l’homme au
monde par sa puissance esthétique. L’homme a depuis toujours fabriqué toutes sortes d’images, des images décoratives sur des objets utilitaires, ou des objets véhiculant une vision commune du monde. Ce deuxième type d’images commence à jouer un rôle comme élément magique dans les peintures pariétales. Son premier objectif a été la volonté de l’homme d’agir sur le monde extérieur. Par la représentation de sa propre action, dans les scènes de chasse, il tente d’apprivoiser le monde hostile ou nourricier. Il est difficilement envisageable de supposer une volonté de sa part de création d’œuvres d’art faites pour la contemplation et le plaisir esthétique, mais un certain nombre de ces œuvres atteignent une très grande qualité artistique.
Peut-on pour autant considérer toutes ces œuvres comme des œuvres d’art. Elles sont
généralement appelées des arts premiers, comme celles qui sont exposées au musée Branly et
enregistrés comme œuvres d’art. Mais il y a dans cette production une intention qui est autre
que la recherche de formes esthétiquement abouties et d’autre part un aboutissement à des
formes artistiques sans une volonté préalable. Nous sommes déjà en face d’une double
production formelle. Par la suite, la formation de la société sédentaire modifia la fonction de
l’image et à travers une élaboration de la vision du monde, elle apparaît alors comme un effet
des formes sociales ou religieuses. Par son intermédiaire la société projette une image d’elle-même et du monde, la codifie et en se soumettant à cette forme établie, fonde son origine et assure sa durée. C’est en Égypte et en Mésopotamie que l’image sacrée comme l’expression du fondement d’une société s’affirme. Cette forme d’art nous l’appelons des images d’art, c’est-à-dire des images qui assurent la cohésion de la société. C’est la Grèce Antique qui va élever le nombre de ces images représentant et assurant la vie dans la cité au rang de l’œuvre d’art par leur puissance esthétique. Alors, nous pouvons procéder à une distinction nette entre de nombreuses images d’art, celles qui glorifient la vie en commun à travers les dieux et héros et les œuvres d’art se différenciant par leur teneur artistique. Mais leur existence est toujours très imbriquée malgré l’apparition des artistes comme catégorie distincte des artisans.
Avec le développement du Christianisme, l’image se trouve écartelée entre ceux qui la
condamneront : « Tu ne fabriqueras pas d’images » et ses défenseurs qui ayant compris
l’extraordinaire pouvoir des images l’utiliseront pour la propagation de leur croyance et la
conversion des païens. Comme nous l’avons vu, ces images peuplent tout le Moyen Âge.
La Renaissance efface les concepts médiévaux, mais l’art suit les évènements et accompagne
des changements de la société. Toujours codifiée l’image est reliée à l’ordre politique,
économique et religieux.
Avec l’avènement de la société démocratique, le public n’est plus homogène, différents groupes sociaux s’approprient différentes formes de représentation. Tout individu peut s’exprimer, ce qui fait surgir une multitude d’images. Non codifiées, elles sont des représentations de la complexité de notre société de consommation, de communication, de multiculturalisme... mais toujours les images et les œuvres d’art continuent à se confondre. La prolifération des images est telle que nous ne savons plus à quelle catégorie elles appartiennent. Pour clarifier ce champ de broussailles, il convient d’introduire une triple distinction et procéder pour l’analyse à la séparation des images, images d’art et œuvres d’art. Par quoi distingue-t-on une œuvre d’art d’une image d’art ? Dans la littérature spécialisée en langue anglaise, on trouve une distinction entre l’art sans but spécifique et l’art incluant une intention de la part de l’artiste. La distinction est plutôt historique, entre l’art à connotation religieuse et l’art aux expressions politiques, psychologiques, commerciales ou critique sociale. Pourtant toutes ces œuvres sont des œuvres temporaires, donc des images d’art. L’œuvre d’art se différencie par la transcendance de la temporalité.
Les désaccords autour de ce qu’est l’art ont toujours été nombreux, mais la confusion s’installe surtout avec le développement de l’histoire de l’art. Dans la méthodologie de celle-ci, c’est le schéma hégélien qui domine : c’est-à-dire, l’art est au départ lié aux puissances du sacré, suivi de la sécularisation de l’art classique avec la représentation “objective” de la nature dans sa beauté. À sa suite, la peinture moderne glorifie l’individu. Dans ce schéma, les historiens d’art
classifient, nomment, rangent, catégorisent en fonction des formes institutionnelles, industrielles et commerciales, en fonction des techniques utilisées par les artistes, du statut des auteurs en procédant aux découpages chronologiques, géographiques et culturels. Et tout entre sous la dénomination de l’art. Dans cette accumulation des données historiques sur la production des images et des objets, se crée une confusion entre les images à caractère communicationnel d’une collectivité temporellement définie et des œuvres transcendant la temporalité. Nous allons faire une distinction entre ces deux formes d’expression en différenciant ces deux régimes, d’une part le régime éthique et le régime esthétique.
Ce qui complique encore les choses c’est que ces deux régimes dans une œuvre d’art doivent
fonctionner conjointement. Si nous n’avons que la forme éthique, il s’agit d’une œuvre qui
véhicule les évènements et les idées de la société, et s’il ne s’agit que du régime esthétique il
s’agit d’un objet décoratif. L’homme conscient de soi et de son existence, face au monde,
s’exprime de deux manières parallèles. D’une part, il s’inscrit dans le monde à travers les
œuvres d’art par la reconnaissance de son appartenance à une unité. D’autre part, générant
des images d’art, il se manifeste au monde par l’élaboration des formes et des images liées à
sa façon d’être au monde, sa façon de se l’approprier, d’agir sur lui ou d’en tirer des bénéfices.
Par exemple, les sculptures des objets représentant des ancêtres, des dieux, des héros, des
statues commémoratives, objets utilitaires décorées. Les deux attitudes sont liées entre elles
car c’est l’art qui à travers son aspect visible dicte la forme aux images d’art en fonction de la
vision du monde d’un moment historique.
À travers l’œuvre d’art, l’homme réalise l’unité du sensible et d’intelligible. Ainsi, la
contemplation d’une œuvre d’art se passe en deux temps. Un premier moment, très court,
l’instant où le spectateur se trouve face à l’œuvre, où se produit un flux entre lui et celle-ci –
l’émotion esthétique. À ce moment, moi, le spectateur, je suis ébloui par la puissance de
certaines œuvres à nous immerger dans le monde. Le spectateur est seul dans cette relation,
un sujet individuel, libéré de toutes les appartenances, libéré de soi-même et plongé une
fraction de temps dans un tout. À cet instant, l’œuvre ne signifie rien, elle ne transmet aucun
message, elle est une évocation pure du monde en sa totalité. Une fois ce premier instant
passé, le spectateur commence à se concentrer sur ce que l’image de l’œuvre lui propose
comme sujet, sur ce dont elle parle, le message qu’elle lui adresse. Alors il agit en spectateur,
membre d’un groupe dont il déchiffre les codes, dont il connaît les pensées. C’est dans ce
double temps qu’une œuvre d’art se concrétise, l’œuvre d’art contenant en soi aussi l’image
d’art. On peut imaginer l’art comme le dieu Janus, dieu à deux visages. Si l’approche d’une
œuvre d’art n’est pas précédée de ce premier instant, de ce petit laps de temps d’émotion
esthétique, nous sommes en présence seulement d’une image d’art. Si nous observons l’art
contemporain dans cette perspective, toute controverse devient superflue, car l’art
contemporain institutionnalisé se situe dans le cadre de l’image d’art, ce qui explique aussi la
facilité par laquelle il s’est transformé en spectacle. C’est justement l’absence du régime
esthétique dans l’art contemporain qui appelle à une reconsidération des positions actuelles
concernant l’art et qui exige réflexion sur les fondements de l’art. C’est dans ce schéma que se
situe la nécessité de la résilience en art. La nécessité de réintroduire dans l’art la notion du
beau sans laquelle il n’y a pas d’art.
La deuxième nécessité est de refonder le beau. Le beau dans l’œuvre d’art n’est pas dans le
sujet, non plus que dans la forme, ni dans la couleur, il est subjacent à l’œuvre, il l’englobe, il
émane d’elle, de sa forme comme totalité et non pas de la joliesse du représenté. Pour citer
Bergson : « L’artiste... Pour un moment au moins, nous détachera des préjugés de formes et
des couleurs qui s’interposent entre notre œil et la réalité. Et il réalisera ainsi la plus haute ambition de l’art, qui est ici de nous révéler la nature ». C’est justement sur la nature que nous allons baser le beau.
Dans la nature et dans l’œuvre d’art ce qu’il y a d’implicite, c’est la vie même. La vitalité qui se
déploie, c’est elle qui engendre la sensation du beau, que soit dans la nature ou dans l’œuvre
d’art. L’esthétique c’est la manifestation du vivant dans une plante, dans une peinture et même
dans un coucher du soleil ou le jaillissement de la lave d’un volcan, la terre qui respire. On peut
se demander que peuvent avoir en commun des phénomènes naturels aussi différents que
l’agencement des graines d’une fleur de tournesol, la spirale dessinée par la coquille de certains
mollusques et les bras de la Voie lactée ? Quelle règle géométrique d’une grande harmonie se
cache dans l’œuvre de grands artistes et architectes ? Il s’agit des lois du monde que l’art à
travers le beau rend visible.